Paul et Vanessa . Chapitre XVI. Virginie chez Paul.

  À la Saint-Nicolas, saint patron de la Lorraine et encore au moins aussi populaire en Allemagne que le Père Noël, à quelques jours seulement de l’arrivée des Réunionnaises :

  "Au Moyen-Âge, Noël était le cri de joie poussé par le peuple à l’arrivée d’un heureux événement. Tu le savais, Sylvie ?

– Oui, calme-toi, mon lapin, tout n’est pas encore prêt pour accueillir les invitées du siècle. Tu lui as dit, à Monica, qu’elle devait arriver tout de blanc vêtue et coiffée d’un voile ?

-Qu’est-ce que tu inventes encore ?

-Parce que les enfants, dans le sud de l’Allemagne croient que le «Christkind», l’enfant Jésus, est personnifié par une jeune fille ainsi habillée.Tu m’a bien dit que tu avais des ascendants germaniques et que tu étais très attaché à tes racines, non ?

– Monica n’est pas l’enfant Jésus et Virginie n’est pas la Vierge Marie, s’il te plaît Sylvie, abstiens-toi désormais de ce genre de plaisanteries blasphématoires, même si je ne suis pas pratiquant, je suis catholique.

Le lendemain:

"J'ai vu que tu avais préparé quatre chambres, Sylvie, pourquoi quatre ?

-Ah, oui, je ne te l'ai pas encore dit, j'ai invité mon faux stagiaire pour que Monica ne se sente pas isolée dans une fête de vieux. 

-Ton faux stagiaire, tu ne m'en as jamais parlé ! 

-Oui, un jeune Togolais de vingt et un ans qui a passé l'agrégation l'an dernier avec un faux certificat de nationalité française. Il l'ont démasqué tardivement, ont annulé le bénéfice du concours bien sûr, mais lui ont accordé le droit de continuer à assister à mes cours. Il loge à l'internat du lycée qui ferme pour Noël, j'ai eu pitié. 

-Et tu crois que Monica ne mérite pas mieux qu'un tricheur  ?

-Je ne te permets pas de dire cela, il a vraiment passé le concours et a été reçu dans les tout premiers. Monica n'est pas raciste ?

-Raciste, je ne sais pas, mais il y a un mois,  elle a rendu visite à  son grand père, ancien ambassadeur de France à  Madagascar, qui a été ensorcelé, "fanafoudé " comme ils disent,  par une Malgache et qui a, depuis, perdu toute volonté et tout sens du réel, obéissant  aveuglément aux ordres de sa tortionnaire. Évite de lui parler de Madagascar. Il est comment ton Togolais ?

 -Très beau et très intelligent.

-Et pourquoi quatre chambres pour TROIS invités ? 

-J'ai aussi téléphoné à ton fils, tu as oublié  que tu avais un fils ? Il m'a dit qu'il n'était pas sûr de pouvoir venir, mais j'ai tout de même préparé la chambre pour lui et son épouse. Ta fille, elle, ne veut pas venir. Noël, autrefois, c'était une réunion de famille, pas une rencontre professeurs-élèves, ça aussi, tu l'as oublié  ?

-Si tu as encore beaucoup de remarques de ce genre dans ton sac, vide-le tout de suite, ou alors j’annule tout, deux billets d’avion perdus, Virginie s’en moque comme de sa première chemise.

-Ta question, flirtant avec le suprémacisme, « il est comment ton Togolais » ? m’a beaucoup irritée, en effet .

-Je ne connais ni son nom, ni son prénom, c’est toi qui me l’as présenté par sa nationalité, il me semble.

– Tu vas te moquer : Il se prénomme Kokou.

– Ton stagiaire s’appelle Kokou ? … Et  Kokou est un cas remarquable? Stop, arrête Sylvie, je n’en peux plus de tes farces !

Vingt décembre, premier jour des vacances scolaires.

Sylvie informe Paul que Kokou ne viendra pas, il a obtenu un contrat de remplaçant  au lycée français de Lomé, il reviendra quand il sera marié avec une française (ou une allemande, il hésite encore) .

"Bonne nouvelle, cette invitation était totalement incongrue.

– Modère ton langage s’il te plaît . Tu invites une ancienne élève réunionnaise, alors j’invite un stagiaire togolais, un partout ! La congruence t’avait échappé, lapin ?

Et l’intention était d’occuper Monica.

Enfin et surtout, trois femmes pour un seul homme à Noël, même pas peur ! Je n’y ai jamais cru. Je t’ai connu tellement plus timide.

Heureusement, notre fils Antoine et son épouse ont pu se libérer et seront là demain matin.

Vingt-deux décembre. 

Virginie et Monica sont arrivées dans l'après-midi, les valises remplies de cadeaux. La veille, un livreur a déposé  une demi-douzaine de bouteilles de champagne  Drappier cuvée  Charles de Gaulle. Elles sont magnifiques, la fille comme la mère. Sylvie, éblouie par leur beauté, reste muette pendant quelques instants, statufiée. C'est Paul qui prend la parole pour les accueillir, après les avoir embrassées chaleureusement.

"Bienvenue dans les Vosges, le voyage n'a pas été trop éprouvant ?

-Ce fut long mais nous avons passé deux nuits à Paris pour nous reposer, nous avons  parfaitement récupéré. 

 Sylvie, remise de ses émotions, leur fait visiter la maison pendant que Paul se charge de transporter les lourdes valises .

Au repas du soir, Antoine, son épouse Stéphanie et Monica furent très peu bavards, c'est Virginie qui alimenta et anima une grande partie de la conversation.

Après avoir évoqué  brièvement la chaleur humide très pénible de l'été austral et autres considérations météorologiques sans intérêt, Virginie questionna Sylvie et Paul sur l'Histoire des Vosges. Et Sylvie surtout, Paul dans une moindre mesure, furent mis en échec plusieurs fois. Virginie, la Réunionnaise, qui avait passé la plus grande partie de sa vie sous les tropiques, connaissait bien mieux l'histoire de France et en particulier celle de la Lorraine que leurs hôtes vosgiens. Sylvie et Paul apprirent donc, entre autres exemples et ils furent nombreux, que c'est Napoléon Bonaparte qui a renommé la fameuse  « place des Vosges » de Paris  en l'honneur du département vosgien qui fut le premier à s'être acquitté de l'impôt sous la Révolution française.

 Malgré le champagne, deux essais de contrepèteries de Sylvie et les tentatives de Paul de réorienter la conversation sur le sujet des sentiers de randonnées qu'il maîtrisait bien davantage, Sylvie et Paul, les professeurs, subirent une leçon d'Histoire, sévère, blessante.

Cette nuit-là, Sylvie ne parvient pas à s'endormir.

"Dis quelque chose Paul ! Tu ne me l'avais bien décrite comme une élève peu expansive, repliée sur elle-même, presque un peu niaise, incapable d'équilibrer une équation chimique élémentaire, je n'ai pas rêvé ? 

- Oui, mais ça, c'était il y a quarante ans, peu après son viol, Sylvie; elle a progressé depuis.

- Donc, ton invitée nous humilie et tu t'en fous ?

- Je n'ai pas dit cela, mais je suis un peu désemparé, elle est indiscutablement beaucoup plus cultivée que nous. Des ignorants, des incultes, voilà ce que nous sommes. Pendant les trois jours que j'ai passé chez elle, ce fossé culturel ne m'était pas apparu, il est vrai que nous n'avions pas parlé d'Histoire de France mais presque exclusivement de son passé intime. Je reconnais que si elle récidive tous les jours, c'est un problème qui va être difficile à gérer et d'autant plus qu'elle ne m'a pas parlé de la durée de son séjour. 

- Quoi ? Tu ne connais pas la date de leur retour ?

-Non. Quand elle nous a invités à la Réunion,  elle a précisé que l'on pourrait rester autant que nous le désirerions. Par conséquent, un peu légèrement je le reconnais, j'ai dit la même chose pour notre disponibilité à Gérardmer. 

-Aïe, aïe, aïe.

-Il va falloir que je l'épuise en randonnant à fond dans les sentiers enneigés dans la journée, elle est venue pour la neige, je vais lui en faire sucer, avaler...

 Et qu'on oriente les discussions du soir sur des sujets scientifiques, je ne vois pas d'autres solutions.

-Aïe, aïe, aïe. On est dans le pétrin. Il y a peut-être d'autres moyens plus coercitifs. La nuit porte conseil, embrasse-moi.

Cette nuit fut difficile. Malgré les efforts soutenus de Paul, la courbure parabolique de la verge de Paul ne suffit plus à satisfaire pleinement Sylvie dont les exigences, elles, ne faiblissent pas.

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